3 techniques pour améliorer le déchiffrage au piano
Peut-on réellement améliorer le déchiffrage au piano ? Comme souvent en musique, on pense qu’une compétence vient par elle-même, avec le temps, sauf pour certains qui seraient naturellement doués.
En réalité il s’agit de différentes façons de diriger son attention que l’on choisit inconsciemment. On développe ainsi, sans même savoir comment, certaines compétences plus que d’autres.
ll suffit d’en prendre conscience et d’orienter son travail pour construire les outils qu’on désire. C’est ce que je vous propose ici avec 3 techniques de travail efficaces pour améliorer le déchiffrage.

Améliorer le déchiffrage… Pour qui ? Pour quoi ?
Deux types de profils
On pourrait dire qu’il y a grossièrement deux types de profils face au déchiffrage. Même si en réalité ce sont deux attitudes qui se combinent et qui font toutes deux parties plus ou moins de nous.
Chacune des ces attitudes comportent des bénéfices mais aussi de défauts. Voyons lesquels.
1er profil : détaché de la partition
Pour se sentir à l’aise et ne pas avoir à faire des allers-retours fatigants et désorientants avec la partition, on s’en détache au plus vite. C’est personnellement ce que je faisais quand j’étais enfant. La partition m’ennuyait et je voulais m’en débarrasser.
L’avantage est qu’on développe naturellement d’autres stratégies tel que le par cœur. Grâce au détachement envers la partition, on peut regarder son clavier, et cela nous aide pour construire des repères.
Et pourtant ! Même au sein de cet avantage, on verra qu’il est courant de manquer en réalité de conscience et d’attention sur ces fameux repères visuels. C’est d’autant plus trompeur puisque regardant le clavier, on pense suivre avec nos yeux.
Les désavantages vont apparaître dès lors qu’on a plus de mal à mémoriser. Que ce soit à cause de la complexité du texte musical ou sa longueur. On a alors besoin de beaucoup répéter. Notre mémoire est souvent bancale car manque de structure et a besoin de repartir aux mêmes points pour fonctionner.
On perd alors du temps, autant dans l’achèvement du déchiffrage du morceau que dans le perfectionnement de notre mémoire de celui-ci.
2ème profil : collé à la partition
Dans l’autre extrême, celui dans lequel je suis tombé plus tard, on devient dépendant de la partition.
Là aussi, il y a avantages et inconvénients. Les avantages sont le développement d’une meilleure lecture, pouvoir jouer des morceaux que l’on ne connaît pas juste avec la partition, etc.
Mais tout comme regarder le clavier ne suffit pas à savoir vraiment ce que l’on fait, jouer en lisant ou en regardant la partition n’est pas toujours synonyme de déchiffrage correcte. Je veux dire par là que la plupart du temps notre cerveau ne se sert que de quelques repères mais a besoin constamment de chercher ou de combler des trous. Ce qui rend notre jeu indécis, crispé ou cassé.
L’effet pervers est qu’on a l’impression d’être bon en déchiffrage simplement parce que nos yeux sont rivés sur la partition, alors qu’on manque certaines compétences spécifiques à un bon déchiffrage, mais aussi à un jeu pianistique plus fluide et plus libre.
Par ailleurs, le désavantage le plus courant est (la croyance en) le manque de mémoire. Or, on verra que la mémoire est active lors du déchiffrage. Mais pas n’importe quelle mémoire. Pas la mémoire du morceau en question, issue de la répétition 😉 Ça c’est niet.
La mémoire au piano
Si vous pensez que la mémoire ce n’est vraiment pas pour vous, je vous invite à lire l’article complet que j’ai écrit sur la mémoire, suite au défi que je m’étais lancé d’apprendre un morceau par jour pendant 30 jours.
J’y explique en détails les méthodes et raisons qui vous aideront à développer votre mémoire au piano. J’ai déjà reçu de bons retours sur cette méthode, alors avant de dire que ce n’est pas pour vous et que vous êtes différents, essayez 😉
Cliquez ici pour lire l’article : Mémoriser au piano.
Pourquoi améliorer le déchiffrage ?
C’est donc pour pallier et corriger à ces nombreuses petites défaillances qu’on a pu entretenir à notre insu qu’il est intéressant de travailler le déchiffrage.
En effet, ce sont souvent les mêmes tics et méthodes qu’on applique sans s’en rendre compte et qui nous empêchent d’évoluer. De plus, les différents domaines de compétences musicales sont toujours en interaction.
Nombreux bénéfices
Ainsi, si vous appliquez les techniques que je vais vous proposer, améliorer le déchiffrage aura alors une incidence positive sur un tas d’autres plans pianistiques. Cela vous permettra de :
- rendre votre lecture plus rapide
- fluidifier votre jeu en lecture
- développer votre connaissance tactile et visuelle du clavier
- faire moins d’erreurs de notes
- gagner en efficacité dans votre méthode de travail générale
- apprendre un nouveau morceau en moins de temps
- mieux mémoriser ! (eh oui)
- être plus en rythme de manière générale (plus fluide)
En résumé, cela améliorera votre jeu en général, par une meilleure connaissance et méthode de votre travail. Vous gagnerez ainsi en temps et en efficacité, et cela même si votre objectif est de mémoriser et de vous détacher de la partition.
Technique numéro 1 pour améliorer le déchiffrage : les intervalles
Commençons par le moins drôle : le solfège ! Eh oui car on a quand même besoin de solfège pour déchiffrer. Vous dire l’inverse serait vraiment du ****.
MAIS ! Bonne nouvelle : le solfège n’est pas forcément ennuyeux. Et surtout, il peut être efficace. Eh oui car souvent le solfège semble rébarbatif car on voit mal le rapport direct avec notre jeu.
Si vous m’accordez un peu d’attention dans une première partie sur la Lecture d’intervalles, je vous montrerai ensuite comment appliquer et vous entraîner à cette lecture au piano. Et c’est là qu’on parlera justement de déchiffrage en un nouveau sens…
Je vous explique tout ça.
La lecture d’intervalle
Comme tout lecteur de partition, vous avez débuté en apprenant quelques notes par cœur qui sont devenus des repères (souvent le Do). A partir de ces notes, vous avez « compté » les suivantes, en attendant de toutes les connaître par cœur un jour…
Ce jour est-il arrivé ? Si oui, félicitations. Pour moi, non 🙂
Mais bonne nouvelle, ce n’est pas indispensable pour améliorer le déchiffrage, loin de là.
Ce qu’il faut c’est améliorer la lecture d’intervalle. Exemple : vous voyez une note à deux crans au-dessus du DO ? C’est un Mi, l’intervalle est une TIERCE.
Compter en intervalle
Pourquoi compter en intervalle ? C’est tout simplement pour aller plus vite !
Au lieu de repartir avec votre écart de 1 cm pour mesurer chaque distance, vous avez tout à coup des écarts qui font 2 cm, 4 cm, 5cm, 6, etc. Et vous pouvez les combiner pour arriver plus vite là où vous le souhaitez.
Nom des intervalles


- 1 = note de départ (attention à ne pas penser « 0 »)
- 2 = « seconde »
- 3 = « tierce »
- 4 = « quarte »
- 5 = « quinte »
- 6 = « sixte »
- 7 = « septième »
- 8 = « octave »
Il y en a d’autres encore, mais pas besoin d’être exhaustif. Poursuivons l’explication.
Varier départ et sens montée / descente
Ici j’ai pris arbitrairement comme note de départ DO et n’ai montré que des intervalles ascendants. Cela fonctionne exactement de la même manière en sens descendants, peu importe la note de départ.
Autre exemple avec Sol comme départ :


Connaître ses intervalles
Il faut donc connaître ses intervalles, savoir partir d’une note, se donner un intervalle ascendant ou descendant, et trouver la note d’arrivée.
Vous pouvez même le faire sans partition, juste dans votre tête ou sur votre piano.
Tous les intervalles ?
Ce n’est pas nécessaire de connaître parfaitement tous les intervalles. Voilà mon conseil : apprenez parfaitement à compter en tierces.
Vous connaissez sûrement par cœur la suite de note DO RE MI FA SOL LA SI DO, à l’endroit et à l’envers ? Vous devriez connaître tout autant la même suite en sautant une note sur deux (= intervalles de tierce).
Faciles à VOIR sur la partition
Les tierces se repèrent très facilement sur une partition :
Si la note de départ est dans un interligne et la suivante dans le prochain interligne du bas ou du haut, c’est une tierce.

Si la note de départ est sur une ligne cette fois, et la suivante sur la prochaine ligne du bas ou du haut, c’est une tierce.

Pourquoi connaître parfaitement les tierces ?
L’énorme avantage est qu’à partir des tierces, vous pouvez recomposer facilement beaucoup d’autres intervalles en les combinant entre elles et/ou avec des secondes.
Exemples :
La quinte devient deux tierces superposées. MI / SOL = 1 tierce ; SOL / SI = 1 tierce ; MI / SI = 1 quinte.

La quarte devient une tierce + une seconde. MI / SOL = 1 tierce ; SOL / LA = 1 seconde ; MI / LA = 1 quarte.

Améliorer concrètement le déchiffrage avec les intervalles
Comme je l’ai dit plus haut, j’ai volontairement exclu l’exhaustivité des intervalles. C’est parce que l’objectif est d’appliquer cette lecture d’intervalle pour quelle devienne déchiffrage et pas connaissance théorique.
Et pour faire cela, quelques combinaisons comme celles permises par les tierces et secondes seront dans un premier temps amplement suffisantes.
En effet la meilleure manière d’intégrer le solfège est de le mettre en pratique. Vous pouvez bien sûr vous entraîner à la lecture pure, mais je vais vous montrer comment travailler sur le piano cette notion d’intervalle.
Mais avant de vous montrer comment appliquer cette lecture d’intervalle pour la transformer en compétence de déchiffrage., commençons par répondre à la question des altérations…
Dièses ou pas dièses ?
Dans les exemples précédents pour illustrer les différents intervalles, je suis parti de l’idée qu’on était seulement sur des notes blanches. Autrement dit, en Do Majeur.
Eh bien c’est simple. Plutôt que de chercher à savoir si vous jouez une tierce mineure ou majeure, une quinte juste, diminuée ou augmentée, etc. Vous allez jouer simplement l’intervalle dans une tonalité choisie.
Si vous êtes en DO majeur, une tierce ascendante en partant de Do sera Mi. Si vous êtes en Do mineur, une tierce ascendante en partant de Do sera Mi bémol !
Penser les notes, pas les altérations
Donc pensez en NOTES. Si vous êtes sur DO, une tierce au-dessus sera forcément MI. La tonalité ensuite vous indiquera s’il doit être bémol ou bécarre (ou encore dièse).
Ainsi de DO à FA#, vous n’avez pas à vous demander si c’est une quinte diminuée ou une quarte augmentée, vous pensez simplement DO (1) – RE (2) – MI (3) – FA (4). Vous êtes donc sur une quarte, et vous jouez l’altération demandée par votre armure, s’il y en a une.
Mémoriser les intervalles dans la main
L’objectif pour améliorer le déchiffrage est d’intégrer dans la mémoire de votre main les différents intervalles à l’intérieur d’une tonalité.
Vous pouvez vous exercez d’abord en Do majeur, puis dans d’autres tonalités majeures, puis en mineur.
Vous pouvez trouver la liste des toutes les gammes majeures ici.
Retrouvez celle des gammes mineures ici
Moins de gammes, plus de pratique
Je vous conseille de vous entraîner sur quelques gammes seulement. L’objectif étant d’habituer votre esprit et votre main aux intervalles avec altérations propres à une gamme. Donc il ne faut pas trop mélanger au début.
Vous pouvez par exemple choisir celle du morceau que vous souhaitez apprendre. Cela vous fera gagner du temps. C’est comme si votre main et votre esprit enregistraient à l’avance une carte géographique du clavier et des notes que vous aurez à jouer.
Pour les gammes mineures, je vous conseille de vous concentrer sur les mineures harmoniques dans un premier temps.
Exercice yeux fermés
L’idée est que vous puissiez VISUALISER et en même temps SENTIR dans votre main les différents intervalles dans une gamme donnée.
Je vous rappelle que pour les intervalles comme pour les gammes, pas besoin d’être exhaustif, surtout au début.
Commencez par les secondes et les tierces, en montée et en descente. Variez.
Ajoutez ensuite les quintes et les quartes, en vous aidant si nécessaire de l’intervalle de tierce comme mesure (quinte = 2 tierces : quarte = 1 tierce + 1 seconde).
Exercez vous à vous déplacer ainsi yeux fermés, tout en vérifiant de temps en temps que vous gardez conscience de la note sur laquelle vous vous trouvez.
Mains séparées, mains alternées.
Commencez par pratiquer mains séparés. Puis mains alternées. C’est-à-dire une main chacun son tour. Cela vous forcera à garder en mémoire les notes de chacune des deux mains. Vous verrez que c’est nettement plus difficile ! Et efficace.
Cartographier
Vous allez ainsi cartographier mentalement et physiquement le clavier. Votre cerveau créera de plus en plus de liens entre les notes grâce aux différents intervalles qui les relient de manière différente.
S’exercer au déchiffrage directement sur partition
Vous pouvez aussi faire directement l’exercice avec un morceau.
Au lieu de fermer les yeux, empêchez-vous de vérifier les notes en regardant le clavier. Restez fixé tant que possible sur la partition. Visualisez votre déplacement mentalement, et pensez consciemment l’intervalle que vous jouez.
Le risque de cet exercice est de vous faire vite retomber dans les travers de vos mauvaise habitudes. Vérification constante entre clavier et partition. Poser le doigts sur la note suivant sans avoir pris le temps de réfléchir à l’intervalle, etc.
L’avantage par contre c’est qu’il vous permet de relier la notion d’intervalle avec son dessin sur la partition, tandis que vous visualisez et ressentez sa réalité au clavier. C’est la combinaison active de ces paramètres qui va progressivement améliorer considérablement votre déchiffrage.
Je vous conseille donc plutôt d’alterner entre le jeu d’improvisation précédent et le déchiffrage à proprement dit, afin que votre cerveau se rende plus vite compte lorsqu’il n’applique plus la bonne méthode.
A vous de voir et de gérer tout cela maintenant que vous avez saisi le principe 🙂
Prolongez le travail des intervalles avec la connaissance des accords
Si vous voulez aller plus loin dans la maîtrise et la compréhension des intervalles, je vous invite à travailler également les accords.
Pourquoi ? Tout simplement car les accords sont comme des intervalles superposés verticalement. Et lorsqu’ils deviennent des arpèges, vous penserez ainsi chacune des notes naturellement comme un ensemble.
Il y a bien sûr bien d’autres avantages. Vous pouvez télécharger mon guide « Comprendre et improviser au piano grâce aux accords » dans lequel vous retrouverez un certain nombre de conseils et explications sur la méthode de travail et surtout une série d’exercices.
Ces exercices sont construits pour vous faire comprendre et appliquer la logique propre aux accords directement sur votre piano, et ainsi mieux intégrer cette notion d’accord dans votre jeu. C’est aussi en ce sens que j’y ai inclus des exercices d’improvisation.
Comprendre et improviser au piano grâce aux accords
Technique numéro 2 pour améliorer le déchiffrage : jouer directement au bon tempo
Souvent, lorsqu’on stagne dans notre déchiffrage, cela se caractérise par un tempo lent sur du long terme, avec arrêts et reprises, passages que l’on maîtrise et d’autres où l’on bloque.
Bref on alterne ralentis et accélérations, l’ensemble à un tempo relativement lent pour limiter au maximum les erreurs.
Voilà la 2e technique que je vous propose pour améliorer significativement votre déchiffrage : jouer directement au bon tempo un segment donné.
Apprendre à anticiper une série d’intervalles
Utiliser le tempo final (ou relativement soutenu)
Le fait de garder un tempo assez lent et des arrêts empêchent le cerveau de construire un seul grand lien qui réunira vos déplacement sur une série de notes consécutives.
L’erreur est de lui donner constamment le choix, la possibilité d’attendre et de chercher le déplacement l’un après l’autre. Ainsi il ne mémorise que de courts déplacements et n’arrive pas à relier efficacement chacun de ces mini déplacements entre eux.
Visualiser l’ensemble
Au lieu donc d’anticiper le déplacement entre 2 ou 3 ou 4 notes, il faudra donc l’anticiper sur toute une série. Découpez pour cela une série qui fait sens pour vous, que cela soit un petit motif mélodique ou une grande phrase.
Cherchez ensuite à jouer l’ensemble de la série au tempo final directement. Un tempo qui vous empêche de réfléchir. Cela signifie que vous devez donc avoir anticiper l’intégralité de votre série avant votre première note !
Anticiper signifie notamment, je le rappelle : visualiser mentalement et sentir à l’avance sous vos doigts les notes. Et cela, pour CHAQUE note.
Alterner pause : anticipation / jeu : rapide
Pour y arriver, il faudra prendre l’habitude d’anticiper durant suffisamment de temps AVANT de démarrer.
Puis de vous forcer à ne pas vous arrêter une fois démarré. Puis de vous servir des erreurs ou imprécisions pour recommencer le même processus, et corriger dans le stade d’anticipation.
L’efficacité réside dans le respect de ces deux temps. Réflexion / Jeu. Plus vous mélangez les deux, moins ce sera efficace et cela aura tendance à ressembler à ce qu’il se passait avant d’appliquer cette technique.
Cartographier des séries d’intervalles
Le travail sur les intervalles vous aura entraîné à mémoriser ces distances dans votre esprit et dans votre main, construisant ainsi une géographie du clavier.
Ce travail fonctionne sur le même principe, mais dans l’enchaînement d’un groupe d’intervalle. Au lieu de mémoriser la distance entre deux notes, vous mémoriser un geste qui regroupe une série de note.
Un geste entier
Pour que cela soit possible, il faut d’emblée le présenter comme un geste entier à votre esprit. Le tempo final sera alors nécessaire non seulement pour ne pas permettre les temps de pause ou de recherche, mais aussi pour relier le résultat sonore musical correspondant !
Travailler par segments
Ainsi vous avancerez par segments pour lesquels vous mémoriserez chaque fois un geste entier, sans à-coups ni hésitations.
Plus vous avancerez dans la maîtrise et la reconnaissance de vos intervalles dans vos mains et votre esprit, plus vous serez en mesure d’intégrer de grands segments. Cela peut être une demi mesure pour commencer, puis une, puis deux, etc.
Des repères plus larges et solides
Ainsi vous développerez des points de repères qui englobent davantage d’espace. Moins vous avez besoin d’une grande quantité de repères, plus vous avez le temps de reprendre votre souffle entre chacun de ces repères.
Si par contre à chaque note ou presque vous devez vous inquiétez de la suivante, cela ne peut pas fonctionner !
Piège de la lenteur
La lenteur a ÉNORMÉMENT de vertus au piano. J’en parle régulièrement. Mais pour ce genre de cas, cela peut être un piège.
En effet, il faut habituer et entraîner le cerveau à penser l’ensemble des notes reliées entre elles. Pour cela, les étapes du processus décrit précédemment sont importantes. Le temps ne le fait pas par lui même.
Pourquoi ? Tout simplement car c’est votre cerveau qui peut créer ces liens. Et tant que vous ne lui demandez pas précisément, il ne le fera pas.
Un processus de nature différente
Attendre que cela se fasse progressivement, en montant très lentement la vitesse, est très chronophage et inefficace.
Tout simplement car la question essentielle n’est PAS la vitesse, mais l’anticipation qui demande l’alternance rigoureuse : pause + réflexion / jeu + pas de réflexion.
Le tempo est donc un moyen pour mettre en œuvre ce processus de nature différente.
Technique numéro 3 pour améliorer le déchiffrage : nommer en jouant
Travailler la conscience
L’idée de nommer en jouant vous permet de vérifier que votre pensée suit chacune des notes que vous jouez et comment vous les jouez.
Vous serez étonné de constater à quel point ce n’est pas souvent le cas !
Nommer quoi ?
Vous pouvez bien sûr nommer les notes, mais aussi les doigtés !
Faites les deux, car chacune des méthodes n’imposent pas la même rigueur ni les mêmes bénéfices au cerveau.
Nommer les notes permet de clarifier l’enchaînement de chacune des notes de votre série et gommer les hésitations de direction.
Nommer les doigtés force davantage la visualisation intérieure, puisqu’en plus de penser les notes vous pensez votre main et la manière dont elle se déplace entre chacune des notes.
A quel moment ?
Vous pouvez le faire tout en jouant, à un tempo LENT cette fois. L’idée étant de prendre au maximum conscience de ce que vous faîtes, des notes que vous jouez ou des doigts que vous bougez.
Ou bien vous pouvez le faire en solfiant, c’est-à-dire sans jouer sur le clavier, juste en nommant la série que vous aurez découpée, mais toujours en rythme !
Les problèmes de rythme sont parfois dus à l’incertitude des notes et des déplacements. Néanmoins, si vous sentez que le rythme reste un sujet encore flou pour vous, je vous invite à lire mon article : comment lire le rythme au piano.
En rythme, tempo lent cette fois
Rester en rythme à la même fonction ici que le tempo rapide dans la technique n2 : forcer votre cerveau à créer du lien dans une série et ne pas lui laisser la possibilité de s’arrêter pour réfléchir.
Choisissez cependant ici un tempo lent qui vous permet d’y arriver sereinement.
La coordination des deux mains pour améliorer le déchiffrage
Si vous pratiquez cet exercice de nommer en jouant, les deux mains ensembles, vous augmenterez considérablement votre coordination aux deux mains.
Jouer les deux mains, nommer une seule
Tandis que vous jouez le segment que vous aurez découpé aux deux mains, lisez les notes ou les doigtés de l’une des deux mains.
Tout cela toujours en rythme et lent. Choisissez un tempo qui vous permette de le faire sans que cela devienne impossible. Si c’est juste difficile au début, c’est normal ! Persistez.
Focaliser la pensée
En général, lorsqu’on joue les deux mains, le cerveau a tendance à se focaliser sur l’une des deux, et porte rarement son attention sur les deux à la fois.
C’est ce qui fait qu’on a envie de jouer de la même façon aux deux mains, et crée parfois des difficultés techniques. Vous avez envie par exemple de sauter avec les deux mains lorsqu’une seule des deux ne saute, ou à l’inverse de lier les deux, etc.
Ici on s’intéresse plus particulièrement aux notes et aux déplacements. Nommer les notes ou leurs doigtés d’une des deux mains pendant que vous jouez les deux entraînera considérablement votre cerveau à choisir volontairement ce sur quoi il focus.
Clarification et plaisir
Vous gagnerez ainsi en liberté et en fluidité dans beaucoup de passages qui seront restés difficiles à cause de ce manque de clarification entre vos déplacements aux deux mains.
À mesure que votre pensée sera plus claire, votre déplacement sera moins hésitant. Vous ressentirez également même moins de stress et plus de plaisir, grâce à la mise au diapason de votre geste et de votre pensée consciente !
PRATIQUEZ
3 techniques pour améliorer le déchiffrage au piano
Voilà donc pour les 3 techniques pour améliorer le déchiffrage au piano.
La 1ère technique était un peu plus longue à expliquer car elle nécessite certains prérequis théoriques que j’espère vous avoir rendu limpides. De plus, elle est comme une base pour les autres techniques et même pour le reste de votre travail pianistique.
Les deux autres techniques sont plus courtes à expliquer, mais pas moins efficaces. Dans chaque cas, l’efficacité des techniques repose sur leur PRATIQUE. Si vous ne pratiquez pas avec rigueur la méthode, cela ne portera pas ou peu de fruits.
Concentrez vos efforts
Si vous étiez étranger à toutes ces techniques, je vous conseille d’en pratiquer une seule en priorité. La première.
Pour être efficace, il faut que vous ayez le moins d’effort à faire au niveau de la mémoire du processus à effectuer et du nombre de tâches. Pour justement concentrer votre énergie et votre effort dans la mise en application répétée et rigoureuse de telle ou telle technique ! 🙂
Partagez vos résultats ou vos difficultés
Partagez en commentaire vos résultats si vous appliquez l’une de ces techniques et si vous les connaissiez déjà 🙂
Cela permettra à chacun de s’y retrouver et je pourrai répondre avec plaisir à ce qui sera resté confus malgré moi dans mes explications !
Bon travail et n’oubliez pas de vous amusez ! 🙂
Merci pour les bon conseils.
Avec plaisir 🙂