Aujourd’hui, je voudrais vous montrer une manière simple pour comprendre et reconnaître les intervalles au piano. J’expliquerai d’abord ce qu’est un intervalle, comment il se construit, et comment repérer chaque intervalle visuellement.
C’est ainsi que vous pourrez réellement vous servir de cette notion et qu’elle ne reste pas théorique. En maîtrisant cette notion, vous améliorerez votre lecture, votre déchiffrage, gagnerez en repères et aurez des bases solides pour comprendre comment (re)construire des accords plus ou moins complexes.
Les intervalles au piano : quoi et pourquoi
C’est quoi un intervalle ?
Ben oui, on peut déjà commencer par ça ! En musique, un intervalle, c’est la distance qui sépare deux notes (ou deux sons). Et ce nom est un des rares en français à s’écrire avec deux « l » et à rester masculin !
Ainsi, si vous jouez deux notes simultanément ou successivement sur votre piano, peu importe où se trouvent ces notes l’une par rapport à l’autre, la distance qui les sépare constituera un « intervalle ».
Une multitude d’intervalles au piano
Vous voyez donc l’affaire ! Il y en a plein ! Des grands, des petits, des très grands, des très petits, etc.
Selon sa taille, comptée en demi-tons, chaque intervalle aura un nom différent !
Je rappelle que le demi-ton est la plus petite distance qui sépare deux notes sur votre piano (entre Si et Do par exemple, ou encore entre Mi et Fa).
Une liste d’intervalles utiles au piano
En réalité, on ne nomme pas tous les intervalles !
La liste est beaucoup trop longue et surtout ça n’aurait aucune utilité. On va nommer les intervalles les plus fréquents, qui constitueront comme des unités de mesure (un peu comme le mètre, le centimètre, etc. mais avec plus de nuances).
Ces unités de mesure permettront de gagner en repères visuels sur la partition pour la lecture mais aussi sur le clavier dans votre main pour mieux prendre conscience de la distance qui sépare chacune de vos notes.
Sur cet aspect là d’utilité, je vous invite à lire ou relire mon article : 3 techniques pour améliorer le déchiffrage au piano, comment et pourquoi.
Liste des intervalles au piano
De l’unisson à l’octave
La majorité des intervalles dont vous aurez besoin se situe entre l’unisson et l’octave.
L’unisson
L’unisson, c’est l’absence de distance. Ou dit autrement, il s’agit de la même note. C’est comme si vous mesuriez la distance entre un point A et ce même point A. Donc l’unisson de Do, c’est Do, tout simplement.
Vous pourriez me dire, « mais alors ça sert à rien » ? Ben si, car plusieurs instrumentistes peuvent jouer la même note au même moment. Cela vaut aussi pour les chanteurs bien sûr. On appellera alors cet intervalle un unisson.
C’est d’ailleurs aussi possible au piano lorsque plusieurs voix sont séparées sur votre partition. Il peut y avoir deux fois la même note en même temps, l’une tenue plus longtemps par exemple. Mais cela importe peu pour notre sujet ici.
Attention, l’unisson pourrait être pensé comme le point 0, mais il se compte 1. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que l’on retrouve le nom UN dans UNisson.
L’octave
En quelques sortes, l’octave est un unisson « séparé ». La même note sera cette fois jouée plus haut ou plus bas.
Voici quelques exemples d’octaves à partir de la note Do :
Je rappelle que chaque intervalle peut être jouée simultanément ou successivement. Ainsi, pour Do cela peut donner :
L’unisson ramenait au « UN« , l’octave ramène au 8 de OCTO.
La liste des intervalles au piano de 1 à 8 seulement !
La petite explication précédente peut paraître fastidieuse, mais une fois bien comprise, nous pouvons maintenant établir la liste de nos intervalles de 1 à 8 seulement !
Cette liste se situera en effet entre l’UNISSON (= 1) et l’OCTAVE (=8).
Liste des intervalles à partir de DO
Gardons DO comme note de départ, et voyons comme cette liste s’effectue :
- DO = UNISSON
- RÉ = SECONDE
- MI = TIERCE
- FA = QUARTE
- SOL = QUINTE
- LA = SIXTE
- SI = SEPTIÈME
- DO = OCTAVE
Intervalle = distance entre DEUX notes
Attention à ne pas oublier qu’un intervalle nomme la distance ENTRE DEUX NOTES.
Ainsi, dans la liste précédente, chaque intervalle est qualifié PAR RAPPORT à DO.
En effet, entre RÉ et DO, il y a un intervalle de SECONDE. Mais si je veux nommer la distance qui sépare SI de RÉ par exemple, alors il s’agira d’une TIERCE.
N’oubliez donc pas d’où vous partez, et où vous allez.
Autre exemple en partant de SI
- SI = UNISSON
- DO = SECONDE
- RÉ = TIERCE
- MI = QUARTE
- FA = QUINTE
- SOL = SIXTE
- LA = SEPTIÈME
- SI = OCTAVE
Les intervalles mineurs, majeurs, diminués et augmentés
Qualification des intervalles plus ou moins grands
Chaque intervalle entre 1 et 8 nommés dans la liste ci-dessus peut en réalité comporter quelques variations dans sa taille.
En effet si vous comparez par exemple l’intervalle de seconde qui sépare DO et RÉ, de celui qui sépare SI et DO, vous constaterez qu’ils ne comportent pas le même nombre de demi-tons.
Pourtant chacun de ces intervalles se nomment bien une seconde. La plus petite de ces secondes sera dite mineure tandis que l’autre sera dite majeure.
Il existe ainsi pour chacun des 8 intervalles une qualification de sa nature qui permet de préciser sa taille avec exactitude.
Liste des intervalles au piano « qualifiés » plus ou moins grands
Chacune des qualifications suivantes (5 au total) permet de définir avec plus de précision la distance de l’intervalle. On comptera en demi-ton, un de plus ou un de moins 🙂
Mineur / Majeur
Chacun des intervalles ci-dessous peut être soit majeur soit mineur, selon qu’il est un peu plus petit ou un peu plus grand d’un demi-ton :
- seconde mineure/majeure
- tierce mineure/majeure
- sixte mineure/majeure
- septième mineure/majeure
Diminué / Juste
Juste/diminué vont qualifier l’intervalle de la même manière que mineur/majeur mais s’appliquent aux deux intervalles suivants
- quarte diminuée/juste
- quinte diminuée/juste
Augmenté
Chaque intervalle peut également être augmenté d’un demi-ton si besoin.
Triton
Triton est le nom parfois donné à la quarte augmentée ou la quinte diminuée, chacun de ces deux intervalles équivalent en effet à TROIS TONS. D’où le nom de « triton ».
liste exhaustive par ordre de grandeur
Si vous souhaitez consulter une liste de tous les intervalles par ordre de grandeur, vous pouvez la retrouver sur ce site. Je cite souvent cette source car le site est clair, synthétique et exhaustif. Mais il est un peu aride. Attention donc aux confusions inutiles. A noter également que « prime » équivaut à « unisson ».
Cette liste peut répondre ainsi à un besoin de compréhension précise et approfondie. Je vous conseille néanmoins de ne pas vous perdre dans la théorie et de lire plutôt ce qui suit 🙂
Reconnaître les intervalles facilement
Revenir à la nature de l’intervalle avant de penser sa qualification
Énigmes et confusions : exemple du triton
Cette ribambelle de possibilités peut porter à confusion, surtout que la même distance peut-être qualifiée autrement selon le contexte.
En effet, pour reprendre l’explication du triton, comment savoir s’il s’agit d’une quarte augmentée ou d’une quinte diminuée, puisque c’est la même distance ?
Solution : PENSER LES NOTES
Pour résoudre le problème SIMPLEMENT, il faut toujours repasser par la première étape que je vous ai donnée, à savoir l’intervalle non qualifiée, déterminée par la position d’une note à l’autre.
Ainsi peu importe qu’une note soit altérée ou non, que vous ayez des dizaines de dièses ou de bémols à la clés, pensez d’abord en notes « vierges ».
Ainsi pour répondre à l’énigme du triton, c’est très simple. Si l’on reprend notre fameux point de départ DO comme exemple. Alors, soit il est écrit DO-FA#. Dans ce cas, c’est une quarte augmentée (DO-FA = 4). Soit il est écrit DO-SOLb et alors c’est une quinte diminuée (DO-SOL = 5) ! Tout simplement.
Efficacité pour chaque exemple
Le triton est un cas spécifique, mais cela peut arriver pour toute autre intervalle. Par exemple entre une seconde augmentée et une tierce mineure ? Même réponse. DO-RE# sera une seconde augmentée, et DO-MIb une tierce mineure.
Pourquoi tant de complexité ?
Nécessités logiques et théoriques
Pourquoi de telles différences et complexités existent ? Les réponses sont surtout théoriques. C’est un système logique qui permet de penser dans sa globalité la composition et l’harmonie. N’oublions pas que même si les notes sont visualisables sur le piano (quelle chance nous avons), ce sont avant tout des hauteurs de SONS.
Organisation logique de nos repères au piano
Il est par ailleurs pratique de savoir si nous avons à faire à une seconde augmentée ou à une tierce mineure lorsqu’on joue, car cela fait partie d’un ensemble de repères que l’on construit grâce aux gammes et aux tonalités.
En effet, savoir que l’on est sur un MIb plutôt qu’un Ré# nous indique la présence pas loin d’un RÉ (bémol ou bécarre) et l’absence d’un autre MI. Mais tout cela se fait naturellement lorsqu’on maîtrise et apprend des gammes, qui constituent un ensemble d’intervalles que nous mémorisons plus ou moins inconsciemment, physiquement et visuellement.
Apprendre à reconnaître les intervalles visuellement
Comme je le dis souvent, le meilleure moyen d’apprendre c’est de comprendre ET d’appliquer. Pour vous familiariser avec les intervalles, je vous conseille donc de vous y prendre par étape grâce aux parcours d’intervalle. En plus c’est amusant 🙂
Jeux logiques au piano pour se familiariser avec les intervalles
Dans un premier temps, entraînez-vous à reconnaître les intervalles non qualifiés. C’est vraiment la base, et sans ça vous vous emmêlerez rapidement.
Pour ce faire, c’est très simple.
- choisissez une gamme
- créez un parcours d’intervalle
- choisissez une note point de départ
Choisissez une gamme.
Le fait de rester dans une gamme donnée vous permettra de ne pas tenir compte de la qualification de l’intervalle mais simplement de sa « nature ». Disons aussi de son échelle entre 1 et 8.
C’est le système tonale de la gamme qui décidera pour vous comment l’intervalle est qualifié. Il vous suffit de respecter les altérations propres à la gamme choisie.
Exemple gamme choisie :
SI bémol Majeur
Créez un parcours d’intervalle
Pour chaque intervalle, mettez une flèche ascendante ou descendante pour indiquer le sens de l’intervalle, puis le chiffre qui lui correspond. Faites en sorte que votre note d’arrivée soit la même que votre note de départ, ainsi vous pourrez vous assurer de ne pas vous être perdu(e) en cours de route.
Exemple parcours d’intervalle :
[note de départ] ↑ 2, ↑ 4, ↓ 6, ↑ 1
Choisissez une note de départ dans votre gamme et effectuez le parcours au piano !
Exemple récapitulatif :
- gamme choisie : Sib majeur
- parcours d’intervalle : [note de départ] ↑ 2, ↑ 4, ↓ 6, ↑ 1
- note de départ : Si bémol.
=> [Sib], Do, Fa, La, Sib. Ma note d’arrivée et de départ sont bien les mêmes = je ne me suis pas trompé.
Variez selon votre niveau
Selon votre niveau, faites un parcours plus ou moins long ou difficile. Variez également vos notes de départ, ne prenez pas tout le temps la première note de votre gamme. Variez également les gammes. Prenez même des gammes mineures si vous en connaissez…
Ce travail renforcera grandement votre connaissance des gammes.
Un conseil cependant : ne variez pas TROP. Ne variez que si cela devient facile pour vous. Si cela reste compliqué, même en Do majeur ou avec 2-3 gammes, prenez votre temps !
Parcours d’intervalles qualifiés
Lorsque vous vous sentez suffisamment à l’aise avec les 8 intervalles « de base », alors vous pouvez aussi créer un parcours avec des intervalles qualifiés (mineurs, majeurs, justes, diminués ou augmentés).
Dans ce cas de figure, vous n’aurez plus besoin d’être DANS une gamme, puisque la qualification de vos intervalles peut vous amener n’importe où.