Dans cet article, je voudrais partager la méthodologie et les principes que j’utilise pour « apprendre un morceau au piano de A à Z ». Cette méthodologie est comme un guide de travail pour vous permettre d’apprendre un morceau du début à la fin.

Apprendre un morceau au piano : méthodologie et principes

J’ai essayé de résumer et d’expliquer ici les grands principes de cette méthodologie, d’en expliquer la pertinence et de vous les présenter de manière organisée.

Ce n’est pas la seule méthodologie possible, bien évidemment. Disons que c’est la plus logique et efficace à appliquer la plupart du temps. Par ailleurs, certaines techniques de travail que j’utilise ici peuvent vous être d’une grande aide si vous arrivez à les transposer et à les adapter à vos autre morceaux 🙂

Méthodologie générale et adaptable

Comme précisé dans l’introduction, cette méthodologie est à adapter en fonction des contextes. Notamment car une partie importante de cette méthodologie consiste en un découpage logique et musical, qui dépend nécessairement de la composition de l’œuvre étudiée.

Ses principes marchent et fonctionnent dans la grande majorité des cas, simplement l’analyse et le découpage devront s’adapter en fonction de la structure et de la forme du morceau.

Apprendre un morceau au piano de A à Z : La Colline aux Coquelicots (Miyazaki)

Cette adaptation sera plus ou moins grande selon la nature du morceau. Ici, j’ai fait le découpage et l’analyse en fonction de ce morceau : La Colline aux Coquelicots, extrait de Miyazaki.

En ce qui concerne les autres morceaux de mon défi spécial Miyazaki par exemple, cette méthodologie s’adaptera très facilement à chacun d’entre eux. Ce sera également le cas pour la plupart des chansons de variété, ou pour tout morceau empruntant la forme classique A B A. Et pour pour bien d’autres.

Reconnaître la forme musicale

Cela implique donc de reconnaître la forme, la structure ou l’écriture musicale du morceau étudié.

I/ Apprendre un morceau au piano : LE DÉCOUPAGE

J’ai déterminé 3 grands principes à cette méthodologie pour apprendre un morceau au piano. Le premier est l’art du découpage musical.

L’art du découpage musical

N’oublions jamais que lorsque nous travaillons le piano, nous travaillons avant tout notre pensée musicale. Plus celle-ci est claire, plus le déplacement de nos mains sera facilité et fluide.

Je vais donc citer l’une des règles du Discours de la Méthode de notre cher Descartes ! Eh oui car son but n’était autre que de saisir toute chose de manière la plus claire possible par la pensée. Cette méthode très rationnelle est tout à fait adaptable et profitable en musique.

Cette seconde règle du Discours de la Méthode consiste à « diviser chacune des difficultés que j’examinerais, en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre ».

Découpage musical et logique

Concrètement, cela revient à découper votre morceau en autant de parties et sous parties possibles, tout en permettant à l’ensemble de constituer un tout cohérent et logique musicalement.

Pour ce faire, il faut suivre les indications de phrasé, la mélodie, les carrures harmoniques, etc. Commencez toujours par les parties les plus grandes pour aller ensuite vers les plus petites.

Très souvent, les compositions musicales répondent à une logique mathématique simple. Vous pouvez observer par exemple que vos phrases sont souvent construites par 4 mesures. Vous pouvez ainsi les décomposer en deux bouts de 2 mesures, ou au contraire assembler plusieurs phrases ensembles après les avoir travaillées séparément.

Décomposer les difficultés et créer de l’ordre

Je citerai à nouveau Descartes (après j’arrête c’est promis) : « conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu’à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précédent point naturellement les uns les autres ».

Dé-composer

Cela fait aussi partie du découpage, bien que ce ne soit plus un découpage « littérale ». Pour apprendre votre morceau au piano, il ne s’agit plus de le diviser en sous-partie, mais alors de transformer certains de ses éléments.

En effet, suite au découpage, il peut subsister des bouts qui ne sont plus découpables à moins d’en perdre la cohérence musicale. Je parle par exemple de motif mélodique d’une ou deux mesures.

Ces bouts peuvent néanmoins continuer à créer de la difficulté selon les cas, surtout lorsqu’ils doivent être joués mains ensemble et en rythme.

Comment faire alors pour le rendre clair à notre esprit (et par suite, à nos mains) lui aussi ? En le simplifiant. En déconstruisant sa complexité avant de la reconstruire.

On peut ainsi décomposer un rythme ou au contraire regrouper des notes, afin de faciliter la compréhension de notre esprit pour saisir un enchaînement ou une position au clavier.

Cela nécessite bien sûr quelques connaissances, mais cela peut également s’apprendre en le faisant, par l’analyse et l’observation.

Créer de l’ordre

Cet aspect est plus relié au découpage lui-même, mais peut également venir suite à la décomposition des sous-parties. Il s’agit tout simplement d’observer un ou des fils conducteurs qui permettent de relier certaines sous-parties ensembles.

Par exemple, en simplifiant, vous pouvez vous apercevoir que certaines sous-parties emploient exactement la même suite d’accords, mais avec quelques variations. Ou encore qu’un même motif rythmique de base est répété, là aussi avec quelques variations.

En obtenant une structure simplifiée de tel ou tel aspect musical, grâce au découpage et à la décomposition, vous permettez ainsi à votre esprit de relier les choses de manière plus naturelle.

Vous créez de l’ordre dans votre pensée, à la fois pour conduire vos mains, et pour reconstruire petit à petit le morceau en plus grandes parties jusqu’à sa totalité, dans votre esprit.

C’est là qu’on va donc parler du deuxième grand principe de cette méthodologie : la mémoire.

Résumé

Le principe du découpage se résume en quelques sortes en :

  • parties
  • sous-parties
  • bouts plus petits
  • décomposition en étapes simplifiées
  • mises en relations logiques de l’ordre à reconstruire

II/ Apprendre un morceau au piano : LA MÉMOIRE

Je rappelle que chacun des 3 grands principes de cette méthodologie sont interconnectés. Le travail de la mémoire va donc dépendre en grande partie de la qualité du découpage et de la décomposition effectués.

L’idée est de mémoriser bout par bout, étape par étape, votre morceau. Ainsi, le travail de mémoire de chacun des petits bouts va vous permette d’intégrer concrètement la logique de découpage et de décomposition que vous aurez appliquée.

Ne négligez pas cet aspect lié à la mémoire, sous prétexte d’avoir une mauvaise mémoire ou de préférer jouer votre morceau en entier avec partition. Vous pourrez tout à fait garder la partition pour jouer l’intégralité de votre morceau, ou même des parties assez conséquentes en terme de quantité.

Mais dites-vous bien que ce qui est clairement conçu par votre esprit sera facilement reproduit par vos mains. Ainsi, si vous n’arrivez pas à reproduire clairement un bout, c’est tout simplement qu’il faut vous laisser le temps d’intégrer la logique de ce bout.

De plus, cela va vous permettre de travailler la relation visuelle des notes les unes aux autres, les changements de position, la fluidité aux deux mains…

Le travail en accord Main Gauche Seule

Une bonne technique est par exemple de réduire l’accompagnement main gauche en accords plaqués. Sur chaque premier temps ou changement d’harmonie par exemple.

Mais là encore, évidemment, cela dépend du contexte (et de la fréquence harmonique en l’occurrence).

Travailler ainsi votre main gauche en regroupant vos notes en accord, va vous permettre de mémoriser facilement l’essentiel de votre accompagnement. Vous pourrez ainsi mémoriser sans trop de difficulté les quelques positions qui constituent votre bout.

Observations logiques

Pour bien mémoriser l’enchaînement de ces regroupements en accord, il vous faudra observer une certaine logique de déplacement. Cette logique peut être parfois très simple, mais vous permet d’avoir des repères.

  • Cela peut être une basse qui descend conjointement entre chacun des accords
  • Ou bien un soprano (note la plus aiguë) qui ne bouge pas au contraire
  • Ou encore un mouvement d’aller-retour

Il n’est pas nécessaire de créer une logique pour chaque note évidemment ! Cela encombrerait votre cerveau. Il faut néanmoins construire des repères visuels qui vous permettent de retrouver facilement l’enchaînement des différentes positions.

Évidemment, les connaissances harmoniques sont d’une très grande aide car elles permettent de relier tout un groupe de note à un concept. Est-ce Do majeur ? Une fois renversé, une fois en position fondamentale ? Une autre fois avec la tierce doublée, etc.

Dans tous les cas, connaissances harmoniques ou non, il faut que ces repères soient suffisamment clairs et utiles pour permettre votre mémorisation quasiment immédiate. Sans répétition.

Cela demande également de travailler sa visualisation au piano. Ce qui peut être plus ou moins facile pour certains.

En rythme

Ce travail de jeu en accord main gauche seule, par une mémoire logique (et non répétitive), s’entraîne et s’ancre grâce au rythme.

En effet, les quelques positions qui composeront votre bout devront être joués de manière régulière pour travailler l’enchaînement d’une position à l’autre.

Là aussi, rappelez-vous qu’indirectement c’est votre pensée que vous travaillez. Donc si vous rencontrez des difficulté, profitez en pour vous assurer que vous pouvez passer suffisamment rapidement dans votre tête d’une position à l’autre.

Jouer en rythme vous aidera donc à vérifier et consolider cette fluidité de pensée, et cette mémoire de positions main gauche.

La mélodie Main Droite Seule

Je vous conseille également de travailler votre main droite seule, grâce là aussi au découpage en bouts assez petits. Selon les cas, il faudra là aussi faire appel à la décomposition en éléments simples, notamment pour le rythme.

En tout cas, l’objectif est le même : mémoriser dès le départ par petits bouts, et grâce aux observations logiques. Vous devez être capable de jouer sans faute et en rythme le bout que vous travaillez.

En général la mélodie se mémorise plus facilement car elle entre dans nos oreilles. Mais vous devriez également prendre le temps d’observer son dessin visuel sur le piano afin d’enlever toute incertitude et hésitation qui pourraient rester dans le temps et freiner votre jeu.

  • Le motif est-il principalement ascendant ou descendant ?
  • Quel type d’intervalle est majoritaire ?
  • Quel rythme se retient facilement ?
  • Quels sont les motifs qui reviennent dans la ou les phrases suivantes (ce travail sera lié au découpage et à la décomposition) ? Etc.

Les doigtés

Ce travail d’analyse mélodique ira de pair avec le choix des doigtés. Ainsi, vous travaillerez d’emblée avec un doigté choisi de manière cohérente et logique.

Dans l’idéal, les doigtés ne doivent pas être choisi par « facilité » physique mais pour représenter une logique musicale sur le clavier que prolonge votre main. Ils doivent ainsi s’adapter aux phrasés, liaisons, respirations, mais aussi motifs mélodiques, etc.

Travailler d’emblée votre bout main droite seule de mémoire avec les bons doigtés, vous permettra de faire correspondre la logique à intégrer avec le geste physique à effectuer.

Discipline et adaptation

Bien sûr, certains doigtés peuvent être modifiés et rien n’est figé. Il n’y a rien de dramatique non plus ni de dogmatique. Il s’agit simplement de principes. C’est à vous de les adapter en fonction.

Mais je peux vous dire que nombre de mes élèves ont du d’abord passer par l’acceptation de ce principe pour n’en voir les bénéfices qu’après coup. Si vous cherchez vraiment à intégrer la logique de l’œuvre étudiée en vous par cette méthodologie, les doigtés seront un allié non pas un ennemi.

Résumé

Le travail de mémoire va donc de pair avec le travail de découpage, de décomposition et d’analyse logique. S’ensuivent également le choix des doigtés.

Ce travail s’effectuera par exemple avec un jeu en accords main gauche seule. Puis un jeu main droite seule pour bien intégrer la mélodie.

Le travail de mémoire viendra valider et renforcer le travail d’analyse logique. Car les deux sont complémentaires et ont besoin l’un de l’autre.

En résumé, voilà ce dont vous pourriez avoir besoin :

  • les doigtés
  • les observations logiques
  • la simplification en accord main gauche
  • la reconstruction progressive de la main gauche
  • la mélodie main droite isolée

III/ Apprendre un morceau au piano : LA FLUIDITÉ

Il reste encore à mettre les deux mains ensembles, et à être bien en rythme. J’ai préféré parler ici de fluidité que de rythme, et je vais vous expliquer pourquoi.

Interdépendance des principes pour être efficace

Avant de vous parler de ce concept de fluidité et de la technique qui pourra vous permettre de mettre rapidement vos deux mains ensembles en rythme, je voudrais rappeler une nouvelle fois l’interdépendance des trois principes.

En effet cette technique ne s’appliquera bien que si vous avez pu suivre un découpage cohérent et systématique de votre morceau, jusqu’à isoler des petits bouts musicaux. Cette technique s’appuie également beaucoup sur la décomposition des difficultés, et bien sûr sur le travail de mémoire logique fait sur les mains séparés.

Cela pourra donc se faire par exemple dans un travail mains ensembles où la main gauche sera d’abord conservée en accords plaqués sur le premier temps de votre mesure. Ainsi vous travaillerez déjà l’enchaînement des positions aux deux mains, tout en pouvant appréhender l’ensemble facilement grâce aux étapes précédentes.

Il y a également la simplification mélodique ou rythmique qui peut entrer en jeu. Et bien sûr, comme déjà dit, le découpage en petit bouts.

Rythme et fluidité aux deux mains

Une fois que l’ordre et la cohérence des principes de la méthodologie est respectée, vous pouvez alors appliquer une technique assez efficace pour être en rythme.

Il s’agit en réalité d' »oublier » un peu le rythme pour se concentrer sur la fluidité de votre pensée musicale. L’objectif étant de sentir que vous enchaînez vos notes et vos positions (sur un bout donné) sans heurt.

Car en réalité, la majorité du temps, ne pas être en rythme n’est pas dû à une mauvaise imagination du résultat rythmique, mais à une difficulté à enchaîner les mouvements comme on le voudrait.

Concrètement, vous vous servirez du découpages des plus petits bouts pour créer des cellules séparées par des pauses. Entre chaque pause, vous n’avez pas le droit de ralentir ou d’hésiter. Vous devez appréhender mentalement chaque mouvement et chaque note. Ce qui doit être le cas à ce stade, grâce à la cohérence des trois principes.

En vous arrêtant entre les cellules, l’idée est de ne pas permettre à votre esprit de ralentir à l’intérieur d’une cellule suffisamment petite et simplifiée. Puis, en additionnant les cellules et en les complexifiant, vous arrivez petit à petit à l’ensemble de petits bouts. Il ne reste plus à chaque fois qu’à retravailler la transition entre deux cellules, là où vous aviez fait une pause.

Voilà pourquoi je préfère parler de fluidité, car il s’agit d’avantage de la pensée que d’une compréhension rythmique à proprement dite (enchaînement des mouvements par anticipation visuelle par exemple). Cette dernière est éventuellement à travailler comme un élément de solfège à part entière lorsqu’elle pose problème en tant que tel.

Exemple illustré en vidéo

Cette partie de la méthodologie est peut-être la plus abstraite à décrire. Je vous invite donc à regarder la vidéo en fin d’article où je montre cette méthodologie appliquée au tout début du morceau extrait de La Colline aux Coquelicots.

Résumé

Pour résumer ce 3e principe, je dirais qu’il consiste à s’appuyer sur les deux autres pour créer des bouts (ou « cellules ») suffisamment petits et simples pour être joués aux deux mains de manière fluide.

L’idée est de ne pas chercher à être parfaitement en rythme mais d’enchaîner sans heurt ni hésitation chacune de ces cellules grâce à des pauses, avant de les recoller les unes aux autres.

Il s’agit donc d’anticipation mentale (visuelle, auditive, kinesthésique… à vous de voir). Le fait d’avoir un bout suffisamment petit et simple permet d’anticiper complètement l’ensemble d’une cellule.

En résumé, voici quelques étapes utiles à retrouver :

  • les endroits précis où faire ces « pauses » entre les cellules
  • la décomposition harmonique avec les accords plaqués MG
  • la décomposition rythmique lorsque nécessaire
  • la reconstruction progressive par étapes

Testez concrètement ma méthode

Si cela vous intéresse, j’ai créé plusieurs formations en ligne pour apprendre à reconstruire un morceau de mémoire grâce à la logique qui en découle.

En plus d’apprendre le dit morceau, vous pourrez suivre une démarche d’observation et de construction consciente du morceau partie par partie, et imaginer comment l’adapter à vos propres morceaux ensuite.

Choisissez dans la liste des 3 morceaux que je propose celui qui correspond le mieux à votre niveau.

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